I am ... I was ...

CARACTERE:
Elle n’est pas aimable, pas généreuse, pas souriante ; n’est pas non plus polie. Il n’émane d’elle que de la haine pour les gens. Les gens qui se bornent à donner leur avis sur elle, alors qu’elle s’en fout royalement. Elle les emmerde, elle n’a besoin du soutient de personne. Aucune attache, aucun problème. Elle sait faire face, elle sait se battre, contre tout et n’importe quoi. Elle semble paumée ; elle passe son temps à hurler, à fumer et à boire, on la pense malheureuse. Mais ce mode de vie, elle a finit par l’apprécier. Elle se sait capable de tout et n’importe quoi, mais n’ignore pas qu’une fille venant de son milieu sera rejeté quoi qu’il arrive. Elle est au bas de l’échelle, et sait que si elle tente de monter, on lui balancera une chaussure.
Mais elle n’est pas faible, ni fragile. Elle est combattive et impulsive, elle part au quart de tour et a des accès de violence. Ça la défoule, elle oublie de réfléchir. Plus tu souffres, plus c’est jouissif. C’est un petit monstre. Son rire rauque résonnera quand elle t’aura laissé là, baignant dans ton propre sang. Mords ou fais-toi mordre. Sa vengeance contre la société, en quelque sorte. Cherche-la, c’est tout ce qu’elle demande. Une raison valable pour te casser le nez: son excès de fierté la poussera à attaquer, en plus de son besoin d'adrénaline et de sang sur les mains. Elle n’a plus d’espoir, n’en a pas besoin. Ce qui peut lui faire plaisir, elle le dégotera d’une manière ou d’une autre. Elle est maligne, manipulatrice ; elle sait jouer de tout et de tout le monde. Ses seuls points faibles sont surement sa gourmandise hors-norme, et son double, une attache humaine dont elle n’avait nul besoin.

HISTOIRE:

Elle le regardait s’en aller. Elle était triste, avait les larmes aux yeux, mais se contenait. Elle savait le faire, ça faisait dix ans qu’elle serrait la mâchoire et les poings. Il lui fit un signe de la main et disparut, laissant derrière lui son odeur si particulière, mélange de cigarette et de bière. Amy s’assit sur le bord de la route et colla ses jambes à sa poitrine. Elle posa sa tête sur ses genoux. Cette position la canalisait, lui permettait de réfléchir. John était partit, lui aussi. C’était le sixième en trois mois à la laissée là, toute seule avec sa mère ivrogne et irresponsable. Ils avaient tous étés très gentils avec elle, et c’était pour cela que sa mère les avait bannis de leurs vies. Depuis la mort du père de la jeune fille, deux ans plus tôt, la mère d’Amy était devenue âcre et mauvaise, persuadée que l’accident de voiture avait été provoqué par la petite. Ce qui était totalement faux, Amy n’ayant même pas été présente ce soir-là. Madame Hudson était juste trop saoule pour s’en souvenir. Peu importe, elle refusait catégoriquement que sa fille soit heureuse alors que sa vie à elle était détruite. Elle ferait de son existence un enfer jusqu’à sa propre mort. Amy en était consciente, sa mère ne lui ayant que trop répété.
En silence, après une bonne demi-heure à méditer, Amy se releva. Elle marcha, tel un zombie, vers la maisonnette à l’apparence sale qu’elle partageait avec sa mère. Elle poussa la porte dont le verrou était cassé et fixa avec dégoût l’espèce de loque humaine qu’était sa génitrice. Elle allait exploser. Ses phalanges devenaient blanches à force d’être serrées. Elle se mordait la lèvre supérieure, et finit même par sentir du sang en couler délicatement. Sa mère se retourna, quittant des yeux son émission télévisée.
« - Tu comptes rester là encore longtemps ? Je suis occupée, va jouer sur la route.
- T’es une vraie salope.
Amy prononça ses mots d’un ton solennel. Elle était blessée, elle souffrait plus que les autres fois. John était le portrait craché de son père, en mieux. Il était plus sympathique et souriant, câlin et toujours plein d’énergie. Il s’était occupé d’Amy comme personne auparavant, et son départ prématuré déchirait le cœur de la jeune fille. Madame Hudson soupira et se releva. Elle titubait, décidément encore bourrée. Elle s’approcha d’Amy et posa une main sur son épaule. Elle lui sourit délicatement, lui caressa la joue. L’acte le plus doux qu’elle ne lui ait jamais porté. La gifle n’en fut que plus douloureuse et violente. Amy tomba et se cogna la tête contre la table basse. Des larmes perlèrent sur ses joues rouges.
- Et toi, tu es une gamine abrutie. John est partit de son plein gré, il te détestait. Tout ce qu’il aimait, c’était ce qu’on faisait lui et moi. Tu sais, dans notre lit. Tu nous entendais, non, ma chérie ? »
Amy couru vers sa chambre et s’enferma. Sa mère riait à gorge déployée, son humour ne faisant rire qu’elle. Le petit corps frêle et fatigué d’Amy tremblait. Sa vie était merdique. Elle s’affala parterre et contempla le parquet. Ecrasée contre le sol, là où était sa place. En bas de l’échelle sociale. Un rat. Amy avait toujours été renfermée et timide. Ce énième moment de souffrance aussi bien physique que moral l’avait changée. Elle s’essuya les yeux et se releva. Elle ne désirait plus se faire marcher sur les pieds, aussi bien par sa mère que par n’importe qui d’autre. Elle deviendrait plus forte. Elle n’aurait jamais les conditions pour devenir quelqu’un, vu la mentalité des gens, mais elle pouvait se battre pour sa fierté. Elle n’était pas moins intelligente qu’une autre, elle avait juste moins d’aide et de moyens. Elle n’avait besoin de personne, et écraserait ceux qui seraient devant son chemin. C’était le début d’une nouvelle vie. La mort de l’ancienne Amy.

La nouvelle Amy réussit d’un point de vue intellectuel, c’est certain. Bien qu’elle ait séché quasiment la moitié de ses cours, le peu qu’elle suivait, elle le réussissait. Néanmoins, plus le temps passait, plus elle devenait froide et asociale, voir insensible. A quinze ans, quand elle rencontra son double qu’elle nomma sobrement de son deuxième prénom, Miranda, elle était déjà pas mal amochée. Entre drogues, cigarettes et bagarres, l’adolescente était déjà en plein dans les excès. Elle ne tenait pas plus que ça à changer de vie, mais Miranda, elle, l’y poussait. Deux ans après son apparition, Miranda trouva même une certaine académie pour les gens ayant des dons. Amy ne mit pas longtemps avant de quitter sa mère, et de rejoindre Easton.